Le symposium des programmes d’ergothérapie et de physiothérapie (SAPEP) de l’Université de Sherbrooke a lieu chaque année au début de mai. Cet événement crée une opportunité pour l’École de réadaptation de réunir au campus des membres de l’école avec des personnes invitées de la communauté environnante afin d’échanger au sujet des innovations scientifiques et professionnelles.

La physiothérapie environnementale a été soulignée au SAPEP 2024 sous la forme d’une conférence disciplinaire en physiothérapie donnée par le professeur Shaun Cleaver.

Intitulée « La physiothérapie environnementale : Oui, ça existe ! », l’objectif global de la conférence était de présenter un survol de ce champ de pratique émergent, y compris quelques exemples pour démontrer la physiothérapie environnementale en action.

Les exemples fournis dans la conférence proposent des réponses à au moins une des deux questions suivantes :

Comment la physiothérapie peut-elle répondre aux effets environnementaux qui déstabilisent la santé et le bien-être ?

Comment la physiothérapie peut-elle minimiser les effets néfastes de l’activité humaine sur l’environnement ?

On vous présente ces exemples ici, afin de complémenter la conférence pour les personnes qui y avaient assisté ou afin d’offrir un aperçu de ce contenu pour les autres.

Shaun Cleaver (PhD)

Shaun Cleaver (PhD)

Professeur adjoint, École de réadaptation, Université de Sherbrooke

Comme chercheur, Dr Shaun Cleaver explore les politiques publiques et les services en collaboration avec des personnes en situation de handicap. Comme enseignant, Shaun s’intéresse à la santé mondiale et communautaire et au professionnalisme.

Exemple no. 1 : La physiothérapie s’engage davantage avec les conditions de santé émergentes ou aggravées – notre profession est longuement intervenue auprès des personnes ayant des capacités limitées à cause des déficiences des structures organiques. Avec les changements environnementaux, on observe l’émergence de certaines conditions causant des déficiences, telles que la maladie de Lyme en Estrie, et une aggravation des autres, telles que l’asthme. La prise de conscience suscitée par la physiothérapie environnementale permet aux physiothérapeutes d’être proactifs pour contrecarrer les effets négatifs de ces conditions sur la santé et la fonction physique, comme on voit ici en lien avec la maladie de Lyme (texte en anglais).

Exemple no. 2 : La physiothérapie agit pour répondre aux événements naturels extrêmes – les changements environnementaux créent une augmentation des phénomènes météorologiques qu’on appelle couramment « des catastrophes naturelles » et favorisent la propagation des zoonoses. On voit déjà la contribution de la physiothérapie avec sa participation auprès des équipes médicales de réponse humanitaire ou dans la réponse à la Covid19. Au-delà de la continuité de ces implications, la physiothérapie environnementale attire notre attention vers d’autres événements avec lesquels nous pourrions avoir davantage d’impact, tels que les effets des feux de forêt.

Exemple no. 3 : La physiothérapie s’engage davantage à faciliter les activités écoresponsables au niveau sociétal – la physiothérapie facilite déjà la participation dans les activités physiques. Au-delà de ces pratiques courantes, la physiothérapie environnementale peut encourager des transitions des habitudes de vie vers des pratiques écoresponsables, telles que le transport actif. Ces implications peuvent se faire au niveau des individus ou pour des changements plus systémiques (texte en norvégien).

Exemple no. 4 : La physiothérapie s’engage davantage à faciliter les activités écoresponsables dans le système de la santé – les chercheurs s’engagent depuis longtemps aux analyses économiques de nos pratiques professionnelles, par exemple aux coûts et aux bénéfices de la physiothérapie dans les systèmes de santé et des services sociaux. Utilisant ces mêmes principes, mais informés par la physiothérapie environnementale, nos collègues chercheurs étudient actuellement l’empreinte écologique de la physiothérapie comparée à d’autres alternatives (texte en anglais).   

Exemple no. 5 : La physiothérapie s’engage à réduire davantage les émissions causées par nos pratiques – les physiothérapeutes pensent souvent à la nécessité de bien gérer les éléments financiers et administratifs de leur pratique. Même si la physiothérapie émet moins de gaz à effet de serre et génère moins de déchets que d’autres professions, il est quand même important pour nous de continuer à améliorer nos pratiques. Nous voyons des exemples de l’encouragement envers les pratiques écoresponsables venant de la Fédération des cliniques de physiothérapie du Québec et les EcoKinés.

Exemple no. 6 : La physiothérapie s’engage davantage avec le rétablissement des liens des humains avec la nature – à la base, la cause fondamentale de la dégradation de l’environnement est la relation rompue de l’être humain avec son environnement. La physiothérapie peut jouer un rôle important de rétablir le lien, avec la prescription d’exposition à la nature, les activités de jardinage ou même de sortir la physiothérapie des bâtiments pour en faire dehors (texte en anglais).

 

Évidemment, cette liste n’est pas exhaustive – il existe plusieurs autres exemples de la physiothérapie environnementale. Cependant, on trouve que les exemples concrets permettent aux physiothérapeutes de voir que la physiothérapie environnementale est un champ qui n’est pas loin de plusieurs de nos pratiques actuelles. En conséquence, on vous invite à penser à vos contributions potentielles à ce mouvement en croissance.

 

Références :

Blanchet, Philippe (2012). « Enjeux d’une diffusion francophone de la recherche ». Chapitre 2 (pp.13-24) dans Didier de Robillard et Philippe Blanchet, L’implication des langues dans l’élaboration et la publication des recherches scientifiques : l’exemple du français parmi d’autres langues, Bruxelles : Français & Société 24, EME Editions. ⟨hal-01112505⟩

Commission canadienne pour l’UNESCO (2018). « Les langues maternelles, un joyau de l’humanité ».  CCUNESCO. https://fr.ccunesco.ca/blogue/2018/2/langues-maternelles-un-joyau-de-l-humanite

Hébert, Guillaume et Tremblay-Pepin, Simon (2013). « Qu’est-ce que l’extractivisme? ». Institut de recherche et d’informations socioéconomiques. https://iris-recherche.qc.ca/blogue/quest-ce-que-lextractivisme

Lavoie, Constance, Sarkar, Mela, Mark, Marie-Paule et Jenniss, Brigitte (2012). « Premières Nations, premières en diversité ». Québec français, 167 : 57-58. https://www.erudit.org/fr/revues/qf/2012-n167-qf0344/67714ac.pdf

Survival international (sans date). « Les langues autochtones : une clef pour comprendre qui nous sommes vraiment ». Survival international. https://survivalinternational.fr/textes/3587-languesautochtones

The Alberta Teachers Association (2019). « Diversité et revitalisation des langues autochtones : Planifier votre parcours d’apprentissage ». Pierres d’assise, 12. https://www.teachers.ab.ca/About%20the%20ATA/Servicesenfran%C3%A7ais/Ressources-thematiques/Pages/Premieres-nations-Metis-et-Inuits.aspx

 

Autres ressources intéressantes :

Le Quang, Mathieu (2019). « Penser l’extractivisme en Amérique latine à partir de l’écosocialisme ». Écologie & politique, 59(2) : 57-71. https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2019-2-page-57.htm

 

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